Partager ceux qu’on aime.

Hier soir, j’expliquais à une très jolie fille que “voir son amant favori dans les bras d’une autre femme n’était pas chose facile mais que finalement on s’y faisait“. Ma phrase est sortie naturellement, et j’y ai réfléchi quelques secondes pensant qu’elle ferait l’objet d’un billet.

Partager.

Deux des notions clefs du poly-amour sont la notion de partage et de transparence. Or, partager n’est pas si simple. Vous partagez:

  • votre pain facilement à moins d’être affamé,
  • votre paquet de bonbons avec un peu plus de réticences parce que vous y tenez vraiment, la notion de plaisir est là or voir s’éloigner ce plaisir devient prégnante et moins simple à gérer et surtout vous devez renoncer au délicieux goût du chocolat et de la noisette craquante.
  • votre moitié, un amant, une amante, s’avère plus délicat que de donner quelques M&m’s parce que vous renoncez à l’avoir pour vous tout seul et vous acceptez de lui accorder aussi de votre temps, on ne parle plus de plaisir gustatif, mais aussi de sentiments, de perte, de manque, de renoncement.

Partager, c’est long, c’est un apprentissage qui ne se fait pas du jour au lendemain même si on crie haut et fort sur tous les toits que c’est le pied. Ce n’est pas toujours simple.

Je me souviens d’une phrase dite par ma nourrice quand j’avais 3 ou 4 ans, j’avais alors un jouet entre les mains et visiblement, une autre petite fille souhaitait jouer avec. Elle réagit de suite “:Elle n’aime pas partager cette petite, regarde la”. Cette phrase raisonne en moi depuis plus de 30 ans. Effectivement, partager mon jouet était difficile pour différentes raisons:

  • Je ne pouvais plus l’avoir entre les mains
  • je devais renoncer au plaisir de jouer avec
  • je devais renoncer à me l’approprier définitivement
  • surtout, je ne savais pas quand il me reviendrait.

Partager quand on a 3 ans n’est pas aisé, partager à plus de 35 ans n’est pas toujours plus simple. Les différences entre les deux âges sont les suivantes:

  • un enfant de 3 ans est auto centré sur lui même, il n’a encore aucune arme pour gérer ses émotions et prévoir les choses. À 9 mois, il apprend à force de cris et de câlins de ses proches que son entourage qui quitte une pièce ne la quitte pas définitivement. Autant dire qu’il n’est pas du tout armé à 3 ans.
  • un adulte a normalement vécu cet apprentissage du dépassement de l’angoisse. Et normalement, il fait la différence entre un bonbon (de l’ordre du matériel) et un amour (une personne physique qui elle a aussi envie d’avoir d’autre amours).

De la bataille du diablotin et de l’ange.

Que se passe-t-il dans nos coeurs d’adultes? Je visualise assez bien la scène entre l’ange et le diablotin dans la tête d’un homme ou d’une femme à qui l’on annonce qu’il y a une autre personne qui se greffe à leur relation. De prime abord, il n’y a pas de raison que les deux petits être s’affrontent. Nous sommes adultes, nous avons passé toutes les étapes du développement de soi, nous savons que les être chers reviennent et que rien n’est immuable. Le sentiment d’insécurité n’est plus, tout va bien. Et pourtant, que se passe-t-il quand le diablotin et l’ange en vous s’affrontent ?

Deux solutions:

  • l’ange un peu démon quand même (tout n’est pas blanc) prend le dessus, les choses coulent tranquillement avec quelques remous d’angoisse et d’insécurité. Mais globalement, après quelques phrases qui rassurent un gros câlin, les choses reprennent leur cours.
  • le diablotin gagne, le torrent de larmes arrive, le chantage affectif, l’angoisse et comme dirait mon amant”: si elle ne veut pas partager, elle part”. C’est juste, clair et direct, ça ne fonctionne pas toujours de cette façon mais pourquoi pas. Malheureusement, c’est la vie et vivre dans un conflit perpétuel n’est pas envisageable.

Vous l’aurez compris, le diablotin totalement non-compersif serait d’une jalousie sans pareil quant à notre angelot, pas totalement, de blanc vêtu (je n’y crois pas), lui, serait compersif, compréhensif et laisserait sont amoureux-se profiter aussi de sa nouvelle relation.

Recette pour transformer un diablotin en angelot.

Il n’y a pas trente six milles façons de le faire. Ce que je vais énoncer est vrai tant dans la relation mari-femme que dans la relation amant-amante:

  • se parler, parce que le mutisme est juste insoutenable (au moins pour ma part)
  • se rassurer en rappelant que le temps de l’un ne sera pas pris sur le temps de l’autre
  • être compréhensif, nous aussi nous pouvons demain rencontrer une autre personne et nous aussi nous pouvons avoir envie de nous renfermer dans cette jolie bulle de NRE
  • s’avouer que nous ne sommes pas parfaits, que les angelots tout blancs n’existent pas et que la vie est faite de remous gérables.

Qu’en est-il de la petite fille de 3 ans qui ne voulait pas prêter son jouet ?

Elle a pris une décision qui serait de ne plus refuser de prêter, même si parfois, elle se mord un peu la lèvre. Après tout, elle aime bien qu’on lui prête des jouets qui ne sont pas les siens.

La femme alors ?

Elle a appris à être patiente: chose très difficile pour elle. Elle réussi à dompter le diablotin qui lui tape de temps en temps sur l’épaule pour lui rappeler sa présence. Mais elle est surtout honnête avec elle même, elle ne sera probablement jamais un angelot tout blanc, parce qu’elle n’a pas fini de se construire. Mais elle prend le contre pied avec un trait d’humour.

 

 

4 commentaires sur “Partager ceux qu’on aime.”

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